Entrepreneure ou cadre?

Par Jeanine Hage - Janvier, 2012

Je suis tombée sur un livre rédigé par une gestionnaire influente d’une grosse chaîne médiatique aux États-Unis, intitulé « Play like a man, win like a woman : what men know about success that women need to learn ». Ce livre traite de la réalité de la femme cadre dans les grandes entreprises chez nos voisins du Sud, sans s’embarrasser du politiquement correct si cher à notre société contemporaine. Je recommande ce livre, hardi et plein de conseils pratiques et simples à suivre, aux femmes qui souhaitent avancer dans leur carrière et gravir les échelons professionnels.


Je n’aurais pas pensé partager mon opinion sur le livre si ce n’était pour l’élément de surprise qui a surgi vers la fin de cette lecture intéressante! Dans une note brève de quelques lignes, l’auteure « remarque » que de plus en plus de femmes quittent leur poste de cadre pour fonder leur propre entreprise. Cette observation ne m’a pas étonnée… L’auteure déconseille toutefois aux femmes de le faire et les appelle à bien réfléchir avant de quitter les grosses boites pour partir à l’aventure de l’entrepreunariat! Un conseil qui a provoqué un soulèvement de sourcils de ma part ayant moi-même quitté une grosse entreprise pour me lancer dans le monde des affaires.


Cette « note » m’a amené à réfléchir…Entrepreneure ou cadre? En quoi le choix change-t-il notre impact sur notre société, notre économie, notre famille, notre vie? Y a-t-il au fond une différence d’impact? Je me suis arrêtée pour me demander si un choix est meilleur qu’un autre et surtout si cette question de choix s’applique uniquement aux femmes.


Selon l’auteure, si la femme quitte une grosse entreprise, son influence sur celle-ci et donc sur le monde… un monde fortement influencé par les produits, les publicités et le marketing pratiqué par ces entreprises sera réduite. Elle maintient que les femmes ne devraient pas « quitter l’aréna », qu’elles devraient rester dans le jeu et influencer ses règles de l’interne. Je ne suis pas entièrement en désaccord avec elle. Sauf que la question d’impact n’est pas unilatérale, l’impact sur les grosses organisations ne vient pas nécessairement exclusivement de l’interne. Les consommateurs, femmes et hommes, ont leur mot à dire et leur comportement influe sur les produits et les services. Les groupes de soutien, comme ceux de la protection de l’environnement et des animaux ainsi que ceux qui s’opposent à l’objectivation de la femme, jouent un rôle déterminant… et ce, de l’externe. Un exemple simple qui revenait souvent dans les conversations, celui des publicités sur les produits de rasage masculins. Ces firmes ont, depuis longtemps, abandonné leurs pubs de femmes en maillot de bain sortant d’un océan bleu limpide, pour montrer un homme face à son miroir un rasoir à la main… Peut-on conclure que le conseil de ces firmes a embauché plus de femmes ces dernières années? Peut-être…


Entrepreneures ou cadres? Notre impact est le même. Les femmes cadres talentueuses sont parvenues à se tailler une place dans la direction et les conseils des grandes entreprises. Par leur engagement, leur intelligence et leur leadership, elles gèrent nos organisations dans une économie globale et instable. Les femmes cadres influencent non seulement leur environnement immédiat mais poussent à des changements de mentalité, de valeur et de pratiques dans le domaine ardu de la gestion et des structures organisationnelles.


Cependant, ces réussites ne séparent pas les femmes cadres des entrepreneures. Ces dernières, par leur persévérance, leur courage et leur goût du risque sont animées par la même ambition et par le même sens de l’accomplissement professionnel que les femmes cadres. Elles participent à la création d’emploi et à l’innovation dans une société en changement continu et rapide. Elles brisent des anciennes barrières et secouent des zones de confort dans des sociétés où l’on est « bien au chaud dans ses pantoufles ». Elles présentent des idées novatrices, réalisent des progrès et ont un impact non négligeable sur nos vies. Certaines d’entre elles se retrouvent elles-mêmes à jouer les deux rôles, entrepreneures et cadres, à la tête de grosses entreprises qu’elles ont fondées, Première Moisson de chez nous étant un bel exemple.


Entrepreneures ou cadres? Le choix va au-delà de la question d’impact… La femme doit prendre sa place dans la société contemporaine en ayant la confiance d’affirmer que les plafonds de verre n’existent que dans nos hésitations et le regard des autres. La femme doit prendre sa place dans la société en ayant dans le cœur le courage et la détermination de conquérir le monde entrepreneurial.